mardi 4 octobre 2016

J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans...



Une rayure au ciel, c'était hier.
Du balcon aux étoiles, les cuivres , le rhum, le miel,
Puis le tonnerre.
Chamula pleure Marianne tombée
Genoux à terre.

Tu verras, le jour se lève encore.



Un vieil endroit près d'une église, une porte cochère.
La cour carrée, les pavés disloqués, La lune pour seule lumière.
Les Quetzals, l'or, le sang, l'agua,
Le frêle esquif, l'arène blanche et le Nicaragua.

De bric de broc de bois, de galva et de toc,
Une fois passé le choc, ta cabane est mon toit.
Je me suis endormi, accueilli comme chez moi,
Parle t-on de bidon-ville quand on en est le roi ?

Quatre murs un tableau vert,
Sourires et rires aux lèvres,
Ils étaient là mes élèves,
Dans mon école, sur la Isla del Sol

Chichen Itza, Mayas, j'étais là.
Machu Picchu, Incas, j'étais là.
Titicaca, où tout commença, j'étais là.
Mille ans d'histoires, de marches à gravir,
De sacrifices, de pyramides, et toujours repartir.

Deux, quatre, six ...  Oh l'échappée belle !
J'avais envie d'écrire çà mon temps de voyager.
Sur les chemins cabossés, je me suis fait la belle,
A bord de ma Mazda c'est comme à la télé.

Une griffure amère déchire le poumon vert,
Le trait glisse sur la forêt-fleuve,
Vague à l'âme, voguent et s'époumonent,
Quatre voix s'élèvent sur l'Amazone.

Je me rappelle comme elle est belle,
Elle coule de source comme les voyelles.
Rien que de l'eau, de l'eau de vie, de l'eau de La-Haut,
Finit sa course au tord-boyaux.

Un carré de verdure en face des grands espaces,
Le soleil et l'air pur, une pause au temps qui passe,
Les blancs, les Andes, les ondes, les pourpres à l'infini.
Tout à la fin du monde je me sens tout petit.

Quand les pieds délassés des chaussées enneigées
La famille au complet se raconte en cuisine,
C'est les plats mijotés la chaleur des vins rouges
Et seulement parler bouffe... Ces Français d'Argentine!

Rendez-vous quelque part, ici-bas ou ailleurs.
Pour jamais de retard il n'y-aura jamais d'heure.
Tant pis pour Géricault, elle s'ra bien au tableau
La touche orange sur le radeau.

Qu'il est lourd le Pesant Passé
Comme le pas sourd de l'éléphante
Sur les terres rouges des âmes brûlées.
Mais dans les yeux de la géante,
Se reflétait l'humanité.

Des ruelles turbulentes aux saveurs enivrantes,
Du soja de la menthe, des marmites bouillonnantes.
Ça grouille et çà pinaille, çà piaille dans mes entrailles,
C'est retour au bercail, ma délicieuse Hanoï.

Nos rires, nos sourires, nos regards,
Nos partages, nos émotions, nos larmes,
Toute l'ivresse, toute la tendresse,
D'un au-revoir comme une promesse.

Sous la nuit étoilée, le nez dans Jupiter,
J'attends figé l'instant où la blancheur se lève.
Et de tout l'horizon s'élèvent comme dans un rêve,
Les temples de Bagan flottants dans les éthers.

Saoulé de lancinants mantras,
Je plonge dans l'ashram hypnotique,
Mon Soi perçoit Sri Ramana,
Et touche du doigt cette Inde mystique.

Il existe un paradis quelque part,
Je l'ai cherché sur l'eau, je l'ai cherché là-haut,
Par monts, par vaux.
Mais là où tout est beau,
C'est quelque part dans mon cerveau.

La rayure au ciel, c'était hier.
Des étoiles au balcon, retour à la maison
Embrasser Marianne ma fille et mon garçon.
Le jour se lève encore.

Si après tous ces mots et tous ces éditos,
Mes souvenirs s'égrènent , ma raison fait défaut,
Que le temps s’accélère, rien que du déjà vu,
Je dirais comme Pablo: j'avoue que j'ai vécu.

J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans.
Et mille ans c'était pas trop...






9 commentaires:

  1. Que de beaux voyages et souvenirs.

    Une expérience inoubliable que tu partageras tout le long de ta vie à tes amis, parents, enfants et petits-enfants.

    Maintenant tu reviens parmi les tiens. Tu nous as manqué !

    A jeudi.

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  2. Tu me fais encore pleurer
    Ta cousine

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  3. Un réel talent est né,
    Ce si beau poème encore nous fait voyager,
    Quelques larmes versées en guise de fierté,
    Quelques heures de vol et une nouvelle vie va commencer.

    Bon voyage et bon retour "chez toi"
    La France t'attend !
    bisous blntt

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  4. Tu as filé la tête en bas vers la droite (j'ai vu le trait dans le ciel), pour ressortir du côté gauche.
    La terre est donc bien ronde !
    Merci d'avoir vérifier pour moi, j'avais encore un doute...
    Merci aussi pour tes généreux éditos, déposés consciencieusement à chaque croisée des chemins, tels les petits cailloux du Petit Poucet. Précaution utile pour ne pas te perdre dans tes souvenirs !
    Pour moi, tes éditos ont été autant de petites bulles, à percer d'un clic pour libérer un flot de couleurs, fragrances et émotions.
    Avec ton sac à dos Orange pour étoile polaire, j ai pu voyager à tes côtés ou sur mes propres routes inventées.
    La lectrice que je suis à adorer "claquer la bulle" dans ses rêves d' aventurière.
    A très très bientôt maintenant !

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  5. Quel joli texte, poésie. ..
    J'ai raté ce dernier edito... et ce soir dans mon canapé... je pense à mon vieux pote qui baroude autour du monde... et je me dis...mais oû en est il ??? Est il rentré ???
    Et oui. .. je découvre que tu as retrouvé les tiens... quel bonheur ce doit etre et quelle tristesse ce doit etre aussi de se dire que ce premier tour du monde est terminé... je dis ce premier car je pense que les routes et les sentiers du globe vont vite te manquer et que ton envie de découvertes va l'emporter ...
    J'ai adoré "t'accompagner" à travers ces editos... merci pour ces partages, j'ai appris plein de choses et surtout j ai re-découvert un aventurier bien sympa...
    Grosses bises Fabrice et si ta route passe par les Yvelines... n hesite pas à venir nous faire un coucou...
    Grosses bises
    Dorothèe

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  6. Quel joli texte, poésie. ..
    J'ai raté ce dernier edito... et ce soir dans mon canapé... je pense à mon vieux pote qui baroude autour du monde... et je me dis...mais oû en est il ??? Est il rentré ???
    Et oui. .. je découvre que tu as retrouvé les tiens... quel bonheur ce doit etre et quelle tristesse ce doit etre aussi de se dire que ce premier tour du monde est terminé... je dis ce premier car je pense que les routes et les sentiers du globe vont vite te manquer et que ton envie de découvertes va l'emporter ...
    J'ai adoré "t'accompagner" à travers ces editos... merci pour ces partages, j'ai appris plein de choses et surtout j ai re-découvert un aventurier bien sympa...
    Grosses bises Fabrice et si ta route passe par les Yvelines... n hesite pas à venir nous faire un coucou...
    Grosses bises
    Dorothèe

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  7. Une belle inspiration baudelairienne en effet :)))

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  8. C etait hier. L aventure continue. Un jour, une vie, on se croise et on s oublie.

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    1. Tous ces petits moments magiques de notre existence,
      Qu'on met dans des sacs plastiques, et puis qu'on balance,
      Tous ce gaspi de nos cœurs qui battent,
      Tous ces morceaux de nous qui partent,
      Y'en avait plein le réservoir, au départ.
      "On avance" A.Souchon.

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