mardi 13 septembre 2016

Routard au Myanmar




Les transports au Myanmar .... Ce sujet mériterait autant de pages que le temps passé à arpenter les montagnes birmanes.  Hormis les grands axes routiers de Mandalay-Bagan-Rangoon, tout autre déplacement devient une aventure épique parsemée d'anecdotes. 
Les transports sont longs et fastidieux, mais à l’arrivée, je découvre de magnifiques paysages et surtout, une magique immersion dans les campagnes et villages aux populations si accueillantes.

Trek sur les crêtes 

Après Mandalay et Bagan, cap sur Kalaw, village réputé pour être le point de départ de treks à travers la campagne montagneuse. Voyageant sans guide, je recueille généralement les bons plans en discutant avec d’autres touristes. Finalement, lorsqu’on a du temps, les lonely-planet  ne sont pas si indispensables que çà.

Le bus me dépose vers 2h30 du matin à Kalaw, soit presque deux heures avant l’horaire prévu. Pourquoi les bus au Myanmar ont cette fâcheuse habitude de toujours arriver en pleine nuit ? Ça donne envie de leur suggérer de décaler le départ de quelques heures... Autre particularité : ils partent toujours en retard et arrivent souvent en avance. Non pas parce qu’ils roulent plus vite, mais parce que le temps annoncé est toujours exagéré.
Finalement tant mieux, ça me laisse le temps de trouver un hôtel pour profiter de quelques heures de sommeil avant d’entamer ma première journée de marche.

Inutile de réserver le trek à l’avance : Kalaw n’est qu’un village uniquement dédié aux agences pour touristes : les officines ouvrent leurs portes vers 8h30 pour un départ de randonnée vers 10h30, ce qui laisse largement le temps de trouver mon bonheur : ce sera une marche de 3 jours et deux nuits d’une bonne cinquantaine de kilomètres jusque Nyaung Shwe, incluant le guide, les repas, les nuitées, le bateau pour remonter le lac Inle, et le transfert des gros sacs à dos jusqu’au point final.... Le tout pour 25 euros ! Réserver en avance sur le net coûte généralement le double.
  
Que dire des paysages ? C’est tout simplement magnifique... Nous quittons Kalaw à pieds sous un soleil de plomb pour nous retrouver quelques minutes plus tard sur les chemins de campagne où le temps s’est arrêté.


Nous traversons des champs de maïs, de piment, d’aubergine et de gingembre et nous croisons des paysans esseulés. D’autres siestent tout en surveillant leur troupeau de buffles et quelques artisans tressent à la main des paniers en osier.

Beverly promenant son buffle et Justin en train de tresser un panier en bambou
Les champs, les rizières, les rivières, quelques ponts de bambou (si si, c’est solide !) et aucun engin agricole motorisé. Les amateurs de photos ne savent plus où donner de l’objectif tant chaque angle est un plaisir des yeux ! Myanmar is magic.


A Gauche : Romuald en train de remuer la terre. A droite, un pont de singe !

Nous traversons quelques hameaux d’une vingtaine de maisons construites en bambou. En nous voyant passer, les villageois nous saluent de leur fenêtre, les enfants nous suivent, chacun se dit « Mingalaba » (Bonjour)
  
A la fenêtre : Déborah, la petite Alysée et Paris.
Après une bonne quinzaine de kilomètres, nous arrivons dans notre maison en bambou, sans eau courante ni électricité (Comment çà y a pas de wifi ???). Les paillasses sont cote à cote directement au sol, et la maitresse de maison nous a concocté un excellent repas réparateur !
Dans notre Ressort & Spa *****  nous avons droit à un système de balnéothérapie très sophistiqué : il suffit de puiser un seau d’eau froide du puit et de se le renverser sur la tête !

Sharon et "Chui", notre guide.
Toujours chez les Pa O, une ethnie (particulièrement photogénique) de 600 000 personnes dans le Shan, région à l’Est de la Birmanie.

De gauche à droite : Monica (la comique du groupe) Jessica (qui ne comprend jamais les blagues) et Ashley (qui les comprend)
Nous sommes quatre au départ de Kalaw et nous finirons le trek une bonne douzaine en intégrant sur les chemins un groupe d’Espagnols puis de Français. Suffisamment nombreux pour former une équipe de foot hétéroclite pour un match mémorable contre une équipe de jeunes moines (maillot pourpre) dans la cour d’un monastère  ou nous passerons notre deuxième nuit: 2-1 pour les touristes ! Je ne comprends toujours pas pourquoi TF1 n’a pas retransmis en direct ma magnifique reprise de volée du premier but : un bijou !

Le monastère où nous avons passé la seconde nuit. A droite : les ramasseurs de balles.
L'équipe de touristes : Avant le match : de l'eau plate, après le match, de l'eau gazeuse.
Il a plu toute la dernière journée : 17 kilomètres à parcourir sous des trombes d'eau avec parfois de la boue jusqu'aux chevilles et des kilos de terre collés aux semelles. C'est avec soulagement que nous arrivons au Sud du lac Inle que nous remontons en barque jusque Nyaung Shwe.

Chacun reste silencieux comme pour mieux se protéger de la pluie. Il ne me reste plus qu'à récupérer mon gros sac, trouver un hôtel et prendre une douche tout habillé avec mes chaussures puis de m'accrocher à une corde avec des pinces à linge... Et dormir !

Les trésors archéologiques de Mrauk U

Mrauk U, à l’Ouest du pays près de Sittwe est la capitale de l’ancien royaume d’Arakan qui compta jusque 120 000 habitants au milieu du XVI siècle. (Merci Wiki.)
La plupart des blogs présentent le site de Mrauk U comme l’équivalent de Bagan ou d’Angkor, voire même encore plus intéressant ! Voilà ma prochaine étape toute trouvée. Ces mêmes blogs insistent également sur les conditions précaires de cette petite ville de province très isolée et ne traitent du transport qu’au départ de Rangoon ou Mandalay. J’ai même lu qu’il fallait des autorisations spéciales pour traverser le pays d’Est en Ouest !

A Nyaung Shwe (point bleu), je me renseigne sur les bus jusque Mrauk U (point rouge), et toutes les agences tiennent le même discours : «  une seule solution : prendre un bus jusque Rangoon (point vert), puis l’avion (cher) jusque Sittwe, puis le bateau jusqu’à Mrauk U.
C’est quand même rageant de ne pas avoir de solution pour éviter ce si joli triangle alors qu’il n’y a que 400 km à vol d’oiseau !
                 

Il y a bien un bus qui dessert la ville de Magwe - ce qui me rapproche - mais chacun me confirme qu’aucun bus ne rejoint ensuite Mrauk U. Accessoirement, on me propose d’utiliser un 4x4 privé à un prix prohibitif pour terminer le trajet. Il y a donc bien une route...
Après réflexion, je décide donc de me rendre à Magwe, et d’aviser sur place les possibilités de liaisons.

Les joies du transport en commun :

Qu’ils étaient confortables les bus couchette vietnamiens ! Se reposer dans un bus de nuit au Myanmar relève de l’exploit olympique ...

Si vous appréciez les clips à l’eau de rose style « Elsa et Eli Medeiros », vous serez enchanté : Avec 3 écrans et des hauts parleurs performants placés toutes les trois rangées, vous ne raterez aucun moment de l’idylle musicale entre deux adolescents Birmans.

A moins que vous ne préférez les séries locales genre AB Productions filmées avec la qualité d’un téléphone mobile. et des acteurs pas loin d’être oscarisés...  Bien sûr le son et la clim à fond, comme au cinéma.

Inutile d’essayer  de dormir : le véhicule s’arrête régulièrement aux points de contrôle : tout le monde descend et c’est ramassage des cartes d’identité pour les locaux et passeport pour moi. Les militaires notent alors soigneusement mes coordonnées et mon numéro de visa dans un très joli registre manuscrit. Au moins je peux me dégourdir les jambes, les espaces dans le bus ne sont pas larges...

Lorsqu’il ne s’agit pas d’un contrôle, ce sont les ponts à traverser... à pieds ! Pour éviter de surcharger le bus, chacun descend et  regagne sa place en toute sécurité une fois le pont passé... On n’est jamais trop prudent.

Rajoutez à cela les deux arrêts casse-croute, les arrêts pour refroidir les freins à l’aide d’un tuyau d’arrosage (quand ça commence à sentir le brulé, il faut arroser) et une piste tortueuse de cailloux ou d’enrobé détruit (En comparaison, nos chemins départementaux sont de vraies autoroutes) ...

... Et vous obtiendrez une moyenne inférieure à 20 km/h.

Ne pas pouvoir dormir présente un avantage considérable : je peux profiter pleinement du spectacle à l’intérieur du bus... Heureusement que le chauffeur distribue à chacun un sac à crachat ou a vomis, ou aux deux.

Les birmans ont l’habitude de chiquer du bétel, drogue locale très addictive composée d’une feuille de bétel,  de chaux et de noix d’arec. Comme la coca en Amérique du Sud, cette drogue permet de ne ressentir ni la faim ni la fatigue mais elle finit par détruire la bouche et les dents. Cette drogue fait aussi saliver abondamment et chaque chiqueur crache régulièrement un liquide rouge sang, après avoir préalablement raclé le fond de sa gorge dans une jolie musicalité spécifique.

Bétel ou pas, l’estomac birman ne supporte pas le bus, et le chauffeur distribue à qui veut des pastilles anti vomitif. Tout le monde n’en prend pas et c’est bien dommage.... Ce qui n’empêche pas le voyageur local de se précipiter sur le premier restau en cours de route, quitte à le regretter par la suite.
Je comprends mieux à présent l’utilité d’une bonne sono dans le bus...

Le bus me dépose dans la matinée à Magwe. Contrairement aux habitudes, pas de motos-taxi ni de rabatteurs d’hôtel me harcelant à la descente. Sur le terrain vague, quelques officines de transport et renseignement pris, un premier van peut m’emmener jusqu’au village de Ann et de là, je pourrai emprunter un second véhicule pour rejoindre Mrauk U.... Comme quoi c’est bien possible ! 
Le van part dans deux heures environ, parfait pour prendre un petit déjeuner léger. Entretemps, sortant de nulle part, une touriste Coréenne s’avance avec un grand sourire de soulagement en me voyant : cela faisait deux heures qu’elle tournait dans Magwe à la recherche du même van sans croiser un seul autre touriste.

37 heures après mon départ pour 674 kilomètres dans trois véhicules différents, j’arrive enfin à Mrauk U, toujours en pleine nuit, et sous une pluie battante. Routard au Myanmar...


Les temples de Mrauk U




Malgré les trésors d’archéologie, le tourisme est quasi-inexistant dans cette région encore classée dangereuse par le ministère des affaires étrangères en raison d’accrochages sporadiques entre l’armée birmane et « l’armée arakanaise ». En réalité, j’ai trouvé sur place une ambiance aussi paisible et agréable que le reste du pays.

Mrauk U est très vallonnée avec de multiples collines. Les temples se découvrent à pieds, en traversant quelques villages qui mènent directement sur les monuments principaux : Les payas Shinttaug, Dukkenthein puis un peu plus loin, Kothaug. Personne ne m’a jamais demandé de régler les droits d’entrée exigés. J’ai bien en main une carte de la zone, mais elle est tellement confuse que je finis finalement par me promener au gré des chemins et de visiter les temples qui viennent à ma rencontre. J’avoue également que la fatigue du transport a eu raison d’une partie de ma motivation à visiter tous les temples dans le détail. Donc peu de photos (ce que je regrette finalement)


A la différence de Bagan, les temples sont construits en pierre noire et non en briques. Les intérieurs constitués de couloirs ornés d'innombrables sculptures sont aussi intéressants que les extérieurs d’une apparence massive, entourée de dizaines voire de centaines de stupas. 







Dernière semaine dans le Sud du Myanmar

Mrauk U... Cà vaut le coup ! (Et même que çà se mérite.) Les temples sont magnifiques et pourtant j'ai tout autant apprécié de prendre le temps de m'arrêter dans les villages, de jouer une partie d'échecs (incroyable !) ou de passer une journée à me promener en barque avec un groupe d'Espagnols.Il me reste encore une bonne semaine au Myanmar pour découvrir la partie Sud du pays : Rangoon, Hpa-An et Moulmein mais aussi me reposer avant d'attaquer l'ultime étape de mon voyage.

Tous les touristes que j'ai rencontrés le confirment : la gentillesse désinterressée de la population reste le point le plus marquant en Birmanie.
Alors un conseil : si vous voulez découvrir la beauté des campagnes, des temples et les sourires de ses habitants, dépêchez-vous avant que l'authenticité ne disparaisse avec le tourisme de masse... Quoique... C'est peut être pas si évident que çà...


Les chiffres du mois d'Août :

2755 km en bus
2032 km en avion
822€ dépensés dont 206€ pour mon billet retour Bombay-Paris .

Les pertes du mois : nombreuses puisque la laverie d'Hanoi a réalisé une vraie salade de vêtements avec ceux d'autres touristes. J'ai pu récupérer une partie de mes affaires et rendre les quelques strings qui ne m'appartiennent pas, mais il me manque mon short de bain, un tee shirt et une serviette de toilette ! Grrrr...

7 commentaires:

  1. Waouuuu magnifique ! Quelle belle expérience. Me voici dans la salle d'attente du doc avec quelques fous rires non discrets ! J'adore cet article !!! Bisous blnttois

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  2. moi aussi j'ai adoré ce billet, je m'y croyais. Depuis le départ, je ne me suis jamais ennuyée et je n'en ai loupé aucun.
    bonne continuation
    manouedith

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  3. Very informative stories mate. I have yet to travel to Burma, some day.

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  4. A cette heure ci, tu dois être en Inde du Sud.
    Que de vieux souvenirs : villes au noms épicés,exotiques,ensoleillés, interminables et imprononçables : Madras (comme le curry !!), Mahabalipuram, Pondichery, Tanjore, Karakudil, Madurai, Periyar, Kumarakom, Cochin, aussi riches en temples que Myamar en pagodes !!.
    J'espère que tu auras le temps de visiter les Backwaters du Kerala sur des bateaux ventrus, étonnants paysages où l'eau, la terre, le ciel se mêlent et se confondent. Tu vas croiser ces embarcations aux allures renflées des sampans asiatiques qui te rappellent ceux du Mékong !. Spectaculaire, quand on voyage sur le toit du bateau !
    Le Bharata Natyam, danse essentiellement féminine te fera penser aux danses cambodgiennes.
    Profites bien de ton séjour avant de quitter ce riche continent.

    Gros bisous,
    Papou,

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  5. C est bien l idée que je m en faisais. Les temples st magnifiques
    Quelle expérience encore. Surtt le cp des crachats 😉

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