Les transports au Myanmar .... Ce sujet
mériterait autant de pages que le temps passé à arpenter les montagnes birmanes.
Hormis les grands axes routiers de Mandalay-Bagan-Rangoon, tout autre
déplacement devient une aventure épique parsemée d'anecdotes.
Les transports sont longs et fastidieux, mais
à l’arrivée, je découvre de magnifiques paysages et surtout, une magique
immersion dans les campagnes et villages aux populations si accueillantes.
Trek
sur les crêtes
Après Mandalay et Bagan, cap sur Kalaw,
village réputé pour être le point de départ de treks à travers la campagne
montagneuse. Voyageant sans guide, je recueille généralement les bons plans en
discutant avec d’autres touristes. Finalement, lorsqu’on a du temps, les lonely-planet ne sont pas si indispensables que çà.
Le bus me dépose vers 2h30 du matin à
Kalaw, soit presque deux heures avant l’horaire prévu. Pourquoi les bus au
Myanmar ont cette fâcheuse habitude de toujours arriver en pleine
nuit ? Ça donne envie de leur suggérer de décaler le départ de
quelques heures... Autre particularité : ils partent toujours en retard et arrivent souvent en avance. Non pas parce qu’ils roulent plus
vite, mais parce que le temps annoncé est toujours exagéré.
Finalement tant mieux, ça me laisse le
temps de trouver un hôtel pour profiter de quelques heures de sommeil avant
d’entamer ma première journée de marche.
Inutile de réserver le trek à l’avance :
Kalaw n’est qu’un village uniquement dédié aux agences pour touristes :
les officines ouvrent leurs portes vers 8h30 pour un départ de randonnée vers
10h30, ce qui laisse largement le temps de trouver mon bonheur : ce
sera une marche de 3 jours et deux nuits d’une bonne cinquantaine de kilomètres
jusque Nyaung Shwe, incluant le guide, les repas, les nuitées, le bateau pour
remonter le lac Inle, et le transfert des gros sacs à dos jusqu’au point
final.... Le tout pour 25 euros ! Réserver en avance sur le net coûte
généralement le double.
Que dire des paysages ? C’est tout
simplement magnifique... Nous quittons Kalaw à pieds sous un soleil de plomb
pour nous retrouver quelques minutes plus tard sur les chemins de campagne où
le temps s’est arrêté.
Nous traversons des champs de maïs, de
piment, d’aubergine et de gingembre et nous croisons des paysans esseulés. D’autres siestent tout en surveillant leur troupeau de buffles et quelques artisans
tressent à la main des paniers en osier.
Beverly promenant son buffle et Justin en train de tresser un panier en bambou |
Les champs, les rizières, les rivières,
quelques ponts de bambou (si si, c’est solide !) et aucun engin agricole
motorisé. Les amateurs de photos ne savent plus où donner de l’objectif tant
chaque angle est un plaisir des yeux ! Myanmar is magic.
A Gauche : Romuald en train de remuer la terre. A droite, un pont de singe ! |
Nous traversons quelques hameaux d’une
vingtaine de maisons construites en bambou. En nous voyant passer, les
villageois nous saluent de leur fenêtre, les enfants nous suivent, chacun se
dit « Mingalaba » (Bonjour)
Après une bonne quinzaine de kilomètres,
nous arrivons dans notre maison en bambou, sans eau courante ni électricité (Comment çà y a pas de wifi ???).
Les paillasses sont cote à cote directement au sol, et la maitresse de maison
nous a concocté un excellent repas réparateur !
Dans notre Ressort & Spa ***** nous avons droit à un système de
balnéothérapie très sophistiqué : il suffit de puiser un seau d’eau froide
du puit et de se le renverser sur la tête !
Sharon et "Chui", notre guide. |
Toujours chez les Pa O, une ethnie (particulièrement
photogénique) de 600 000 personnes dans le Shan, région à l’Est de la
Birmanie.
De gauche à droite : Monica (la comique du groupe) Jessica (qui ne comprend jamais les blagues) et Ashley (qui les comprend) |
Nous sommes quatre au départ de Kalaw et
nous finirons le trek une bonne douzaine en intégrant sur les chemins un
groupe d’Espagnols puis de Français. Suffisamment nombreux pour former une équipe de
foot hétéroclite pour un match mémorable contre une équipe de jeunes moines
(maillot pourpre) dans la cour d’un monastère ou nous passerons notre
deuxième nuit: 2-1 pour les touristes ! Je ne comprends toujours pas
pourquoi TF1 n’a pas retransmis en direct ma magnifique reprise de volée du
premier but : un bijou !
Le monastère où nous avons passé la seconde nuit. A droite : les ramasseurs de balles. |
Il a plu toute la dernière journée : 17 kilomètres à parcourir sous des trombes d'eau avec parfois de la boue jusqu'aux chevilles et des kilos de terre collés aux semelles. C'est avec soulagement que nous arrivons au Sud du lac Inle que nous remontons en barque jusque Nyaung Shwe.
Chacun reste silencieux comme pour mieux se protéger de la pluie. Il ne me reste plus qu'à récupérer mon gros sac, trouver un hôtel et prendre une douche tout habillé avec mes chaussures puis de m'accrocher à une corde avec des pinces à linge... Et dormir !
Chacun reste silencieux comme pour mieux se protéger de la pluie. Il ne me reste plus qu'à récupérer mon gros sac, trouver un hôtel et prendre une douche tout habillé avec mes chaussures puis de m'accrocher à une corde avec des pinces à linge... Et dormir !
Les trésors archéologiques de Mrauk U
Mrauk U, à l’Ouest du pays près de Sittwe est la capitale de
l’ancien royaume d’Arakan qui compta jusque 120 000 habitants au milieu du
XVI siècle. (Merci Wiki.)
La plupart des blogs présentent le site de Mrauk U comme l’équivalent
de Bagan ou d’Angkor, voire même encore plus intéressant ! Voilà ma prochaine étape toute trouvée. Ces mêmes blogs insistent également sur les
conditions précaires de cette petite ville de province très isolée et ne
traitent du transport qu’au départ de Rangoon ou Mandalay. J’ai même lu qu’il
fallait des autorisations spéciales pour traverser le pays d’Est en
Ouest !
A Nyaung Shwe (point bleu), je me renseigne sur les bus
jusque Mrauk U (point rouge), et toutes les agences tiennent le même discours :
« une seule solution : prendre
un bus jusque Rangoon (point vert),
puis l’avion (cher) jusque Sittwe,
puis le bateau jusqu’à Mrauk U.
C’est quand même rageant de ne pas avoir de solution pour
éviter ce si joli triangle alors qu’il n’y a que 400 km à vol d’oiseau !
Il y a bien un bus qui dessert la ville de Magwe - ce qui me
rapproche - mais chacun me confirme qu’aucun bus ne rejoint ensuite Mrauk U.
Accessoirement, on me propose d’utiliser un 4x4 privé à un prix prohibitif pour
terminer le trajet. Il y a donc bien une route...
Après réflexion, je décide donc de me rendre à Magwe, et
d’aviser sur place les possibilités de liaisons.
Les joies du transport
en commun :
Qu’ils étaient confortables les bus couchette
vietnamiens ! Se reposer dans un bus de nuit au Myanmar relève de
l’exploit olympique ...
Si vous appréciez les clips à l’eau de rose style « Elsa
et Eli Medeiros », vous serez enchanté : Avec 3 écrans et des hauts
parleurs performants placés toutes les trois rangées, vous ne raterez aucun
moment de l’idylle musicale entre deux adolescents Birmans.
A moins que vous ne préférez les séries locales genre AB
Productions filmées avec la qualité d’un téléphone mobile. et des acteurs pas
loin d’être oscarisés... Bien sûr le son
et la clim à fond, comme au cinéma.
Inutile d’essayer de
dormir : le véhicule s’arrête régulièrement aux points de contrôle :
tout le monde descend et c’est ramassage des cartes d’identité pour les locaux
et passeport pour moi. Les militaires notent alors soigneusement mes
coordonnées et mon numéro de visa dans un très joli registre manuscrit. Au
moins je peux me dégourdir les jambes, les espaces dans le bus ne sont pas
larges...
Lorsqu’il ne s’agit pas d’un contrôle, ce sont les ponts
à traverser... à pieds ! Pour éviter de surcharger le bus, chacun descend
et regagne sa place en toute sécurité
une fois le pont passé... On n’est jamais trop prudent.
Rajoutez à cela les deux arrêts casse-croute, les arrêts pour
refroidir les freins à l’aide d’un tuyau d’arrosage (quand ça commence à sentir
le brulé, il faut arroser) et une piste tortueuse de cailloux ou d’enrobé détruit (En
comparaison, nos chemins départementaux sont de vraies autoroutes) ...
... Et vous obtiendrez une moyenne inférieure à 20 km/h.
Ne pas pouvoir dormir présente un avantage
considérable : je peux profiter pleinement du spectacle à l’intérieur du bus... Heureusement que
le chauffeur distribue à chacun un sac à crachat ou a vomis, ou aux deux.
Les birmans ont l’habitude de chiquer du bétel, drogue locale
très addictive composée d’une feuille de bétel, de chaux et de noix d’arec. Comme la coca en
Amérique du Sud, cette drogue permet de ne ressentir ni la faim ni la fatigue
mais elle finit par détruire la bouche et les dents. Cette drogue fait aussi
saliver abondamment et chaque chiqueur crache régulièrement un liquide rouge
sang, après avoir préalablement raclé le fond de sa gorge dans une jolie
musicalité spécifique.
Bétel ou pas, l’estomac birman ne supporte pas le bus, et le
chauffeur distribue à qui veut des pastilles anti vomitif. Tout le monde n’en
prend pas et c’est bien dommage.... Ce qui n’empêche pas le voyageur local de
se précipiter sur le premier restau en cours de route, quitte à le regretter
par la suite.
Je comprends mieux à présent l’utilité d’une bonne sono dans
le bus...
Le bus me dépose dans la matinée à Magwe. Contrairement aux
habitudes, pas de motos-taxi ni de rabatteurs d’hôtel me harcelant à la
descente. Sur le terrain vague, quelques officines de transport et
renseignement pris, un premier van peut m’emmener jusqu’au village de Ann et de
là, je pourrai emprunter un second véhicule pour rejoindre Mrauk U.... Comme
quoi c’est bien possible !
Le van part dans deux heures environ, parfait pour prendre un petit déjeuner léger. Entretemps, sortant de nulle part, une touriste Coréenne s’avance avec un grand sourire de soulagement en me voyant : cela faisait deux heures qu’elle tournait dans Magwe à la recherche du même van sans croiser un seul autre touriste.
Le van part dans deux heures environ, parfait pour prendre un petit déjeuner léger. Entretemps, sortant de nulle part, une touriste Coréenne s’avance avec un grand sourire de soulagement en me voyant : cela faisait deux heures qu’elle tournait dans Magwe à la recherche du même van sans croiser un seul autre touriste.
37 heures après mon départ pour 674 kilomètres dans trois
véhicules différents, j’arrive enfin à Mrauk U, toujours en pleine nuit, et
sous une pluie battante. Routard au Myanmar...
Les temples de Mrauk U
Malgré les trésors d’archéologie, le tourisme est quasi-inexistant
dans cette région encore classée dangereuse par le ministère des affaires
étrangères en raison d’accrochages sporadiques entre l’armée birmane et « l’armée
arakanaise ». En réalité, j’ai trouvé sur place une ambiance aussi
paisible et agréable que le reste du pays.
Mrauk U est très vallonnée avec de multiples collines. Les
temples se découvrent à pieds, en traversant quelques villages qui mènent
directement sur les monuments principaux : Les payas Shinttaug, Dukkenthein
puis un peu plus loin, Kothaug. Personne ne m’a jamais demandé de régler les droits
d’entrée exigés. J’ai bien en main une carte de la zone, mais elle est
tellement confuse que je finis finalement par me promener au gré des chemins et
de visiter les temples qui viennent à ma rencontre. J’avoue également que la fatigue
du transport a eu raison d’une partie de
ma motivation à visiter tous les temples dans le détail. Donc peu de photos (ce que je regrette finalement)
A la différence de Bagan, les temples sont construits en
pierre noire et non en briques. Les intérieurs constitués de couloirs ornés d'innombrables sculptures sont aussi intéressants que les extérieurs d’une apparence massive, entourée de dizaines voire de centaines de stupas.
Dernière semaine dans le Sud du Myanmar
Mrauk U... Cà vaut le coup ! (Et même que çà se mérite.) Les temples sont magnifiques et pourtant j'ai tout autant apprécié de prendre le temps de m'arrêter dans les villages, de jouer une partie d'échecs (incroyable !) ou de passer une journée à me promener en barque avec un groupe d'Espagnols.Il me reste encore une bonne semaine au Myanmar pour découvrir la partie Sud du pays : Rangoon, Hpa-An et Moulmein mais aussi me reposer avant d'attaquer l'ultime étape de mon voyage.
Tous les touristes que j'ai rencontrés le confirment : la gentillesse désinterressée de la population reste le point le plus marquant en Birmanie.
Alors un conseil : si vous voulez découvrir la beauté des campagnes, des temples et les sourires de ses habitants, dépêchez-vous avant que l'authenticité ne disparaisse avec le tourisme de masse... Quoique... C'est peut être pas si évident que çà...
Les chiffres du mois d'Août :
2755 km en bus
2032 km en avion
822€ dépensés dont 206€ pour mon billet retour Bombay-Paris .
Les pertes du mois : nombreuses puisque la laverie d'Hanoi a réalisé une vraie salade de vêtements avec ceux d'autres touristes. J'ai pu récupérer une partie de mes affaires et rendre les quelques strings qui ne m'appartiennent pas, mais il me manque mon short de bain, un tee shirt et une serviette de toilette ! Grrrr...
Waouuuu magnifique ! Quelle belle expérience. Me voici dans la salle d'attente du doc avec quelques fous rires non discrets ! J'adore cet article !!! Bisous blnttois
RépondreSupprimermoi aussi j'ai adoré ce billet, je m'y croyais. Depuis le départ, je ne me suis jamais ennuyée et je n'en ai loupé aucun.
RépondreSupprimerbonne continuation
manouedith
Very informative stories mate. I have yet to travel to Burma, some day.
RépondreSupprimerStill on the road mate?
RépondreSupprimerStill on the road mate?
RépondreSupprimerA cette heure ci, tu dois être en Inde du Sud.
RépondreSupprimerQue de vieux souvenirs : villes au noms épicés,exotiques,ensoleillés, interminables et imprononçables : Madras (comme le curry !!), Mahabalipuram, Pondichery, Tanjore, Karakudil, Madurai, Periyar, Kumarakom, Cochin, aussi riches en temples que Myamar en pagodes !!.
J'espère que tu auras le temps de visiter les Backwaters du Kerala sur des bateaux ventrus, étonnants paysages où l'eau, la terre, le ciel se mêlent et se confondent. Tu vas croiser ces embarcations aux allures renflées des sampans asiatiques qui te rappellent ceux du Mékong !. Spectaculaire, quand on voyage sur le toit du bateau !
Le Bharata Natyam, danse essentiellement féminine te fera penser aux danses cambodgiennes.
Profites bien de ton séjour avant de quitter ce riche continent.
Gros bisous,
Papou,
C est bien l idée que je m en faisais. Les temples st magnifiques
RépondreSupprimerQuelle expérience encore. Surtt le cp des crachats 😉