lundi 25 janvier 2016

J'ai vraiment crû ma dernière heure arrivée!

Si le titre est effroyable, je tiens avant toute chose à rassurer mes proches : si je peux écrire ces lignes, c’est que TOUT VA BIEN. Je poursuis normalement mon voyage.

Je crois qu’en France,  après le traumatisme que je viens de vivre, je serais obligatoirement suivi par une psychologue. Ecrire me servira éventuellement de thérapie post-traumatique, mais 24 heures après un tel événement, je suis remis de mes émotions. 

De Santa Marta au nord de la Colombie, je souhaite me rendre à Medellin, ville rendue tristement célèbre pour son cartel de drogues et Pablo Ecoblar. 18 heures de route sur deux jours en bus public, ca ne m’arrange pas puisque je suis attendu par un petit groupe d’amis  sur place…. Et l’idée d’une telle durée ne me réjouis pas.
Bernardo, un ami colombien rencontré à Panama m’indique qu’il existe des navettes privées voyageant de nuit donc beaucoup plus rapides. Ces Sociétés ne font pas de publicité et n’ont pas pignon sur rue pour une question de sécurité. Par contre elles sont connues par les managers locaux nécessitant des trajets rapides et nocturnes pour ne pas perdre de temps. Je dois contacter un certain « Andres », qui m’indiquera la marche à suivre. Andres, sur les recommandations de Bernardo me fait un super prix, pas beaucoup plus cher que les bus locaux pour un véhicule nettement plus confortable et repas à bord ! Je n’hésite donc pas une seule seconde et accepte volontiers. 

Le van flambant neuf Toyota  est remplit uniquement par des hommes d’affaires locaux. Je suis le seul backpacker, mais çà je m’en doutais en achetant mon billet. 
Peu avant le départ de la navette, l’homme chargé de la sécurité gardera un temps mon passeport pour vérifier je-ne-sais-quoi sur son ordinateur et me demande si j’ai une arme sur moi. Je fais l’objet d’une fouille minutieuse et je dois déballer intégralement mon sac à dos. Ce « militaire » armé qui fait également parti du voyage, semble interloqué par ma présence, mais j’ai mon billet en règle, donc tout va bien.

Chacun s’installe dans son fauteuil confortablement et le van part peu après 18h00. Les premières heures se déroulent très tranquillement, chacun est plongé dans son ordinateur portable, les hommes d’affaires passent régulièrement leurs appels téléphoniques en chuchotant ou pianotent sur leur smartphone. Puis doucement le silence s’impose, chacun s’endort ou se repose, et j’écoute de la musique avec mes écouteurs. 
Il faut  préciser que les conditions de cette navette peuvent être dangereuses à plusieurs titres : d’abord elle traverse la très grande région d’Antioquia, nouveau bastion des gangs chassés de Medellin qui sévissent maintenant plus au Nord. Ensuite, il peut y avoir plusieurs dizaines de kilomètres de désert entre deux villes. Bien sûr, le trajet de nuit rend le véhicule plus vulnérable, et la présence d’hommes d’affaires à bord n’arrange pas les choses. Mais cette analyse, je ne peux la faire qu’à postériori

Mais alors que j’étais sur le point de m’endormir, on entend une première rafale d’arme automatique ainsi que le bruit strident des pneus qui explosent. Le van tangue et le chauffeur freine brutalement. Le militaire nous crie de nous mettre à plat ventre. J’ai du mal à évaluer le temps mais je pense que cette première phase n’a duré qu’une vingtaine de secondes. Le militaire, assis à côté du chauffeur ouvre brutalement la porte du van et ouvre également le feu de son arme automatique. 
Vers qui ? Vers quoi ? Je ne veux pas le savoir, il fait nuit noire, et je reste « allongé » dans l’allée centrale du van, ayant une autre personne allongée sur moi, et ayant aussi quelques autres pieds sur mon visage, mais qu’importe. De nouveau le silence puis une explosion pas très loin du van (une dizaine de mètres). Le militaire nous hurle de sortir rapidement du véhicule pour nous mettre à l’abri, et c’est dans la précipitation qu’il nous aide à descendre rapidement en indiquant la direction ou courir. Tout cela s’est déroulé en moins de 5 minutes. 
Nous sommes à plat ventre dans une sorte de petit ravin à une cinquantaine de mètres du bus. On entend à nouveau deux nouvelles rafales qui se croisent, et alors qu’on se croyait plus ou moins à « l’abri », ce sont trois hommes armés qui apparaissent par derrière et qui braquent leur torche sur nous. Visiblement les choses se gâtent…  

... Et c’est alors que Zorro est arrivé puisque bien évidemment cette histoire est inventée de toute pièce! Mais pourquoi ce fake alors que nous ne sommes pas le 1er Avril ?

Le constat est le suivant : en parlant de la Colombie, nombreux me disent « fais attention », « c’est dangereux », « Medellin ? Ca fait froid dans le dos » ... Alors qu’il s’agit sans doute du pays le aimable, le plus beau, et sans prendre de risque la vie y est aussi sécure qu' à Léry ! (petit village de Normandie)

On nous gave quotidiennement de nouvelles anxiogènes au journal de 20h00, mais en fait ça nous plaît et on en redemande. Et pour une toute petite minorité, si on ne leur en sert pas, elle est même déçue!
Vanter toutes les qualités de la Colombie,  c’est en quelque sorte gâcher l’image que certains se font d’un voyage dans ce pays:  La Colombie est dangereuse et il ne peut pas en être autrement. 
Devant une image aussi injuste pour ce pays (image qui a dû être vraie dans les années 90), cette petite histoire a pour vocation de faire réfléchir sur nos a priori tant ancrés dans notre inconscient qu’ils peuvent jusque nous interdire de visiter un magnifique pays à la population si gratuitement gentille.

L'idée de cette histoire m'a été inspirée par le blog de OneChai.


Bernardo existe vraiment !

Sur l’île de Taboga au Panama, je me promène le long de la plage,  un sac poubelle à la main ramassant au grès de ma promenade les différents détritus que je rencontre sous les yeux ahuris des locaux et des touristes bronzant au soleil. 
C’est alors qu’une petite famille au loin me fait des grands signes tout en venant à ma rencontre : ils trouvent simplement « formidable » qu’un touriste -qui plus est à l’étranger- nettoie les déchets, ce qui devrait faire réfléchir les locaux. Pour ma part, cette action n’a rien de formidable et elle ne gâche en rien mon plaisir de promenade, bien au contraire ! Nous discutons 2 heures, ils sont curieux de connaître le sens de mon voyage, m’expliquent qu’ils habitent Bogota et qu’ils ont un appartement à Carthagène. 
Nous finissons par échanger nos mails et m’invitent chaleureusement à les contacter lorsque je serai en Colombie. Sans faire une généralité mais en croisant d’autres expériences de voyageurs, la gentillesse colombienne n’est vraiment pas un mythe !
Un grand merci  Bernardo !

13 commentaires:

  1. Dorothée DUSSART4 février 2016 à 20:38

    J'avoue...la blague est tres bonne... mais j imagine Anne Marie à la lecture des premières lignes... !!! Un coup de stress evident...
    ������☺��

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    1. C'est bizarre, depuis cet édito je suis invité à de nombreuses cérémonies d'enterrement face à une recrudescence d'infarctus ...

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  2. excellent !!! mais je pense que sur le vif de l'action j'aurai eu très peur ....

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    1. Bonjour sabine! Quelle bonne et heureuse surprise de lire ton com! Que ca me fait plaisir! Je me suis fais peur moi meme en inventant cette histoire.

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  3. Angéline Verdier4 février 2016 à 20:46

    T'es dingue ! j'ai cru faire une crise cardiaque !!! Je commençais presque à regarder les billets d'avion pour venir te libérer d'une arrestation illégale ! lol
    Je sais que la Colombie n'est pas si dangereuse qu'on peut nous le faire croire... moi je t'ai simplement dit de faire gaffe aux moustiques en amérique du sud... :-(

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    1. Vois avec le Comité de Soutien ( cf Commentaires "Il existe un paradis quelque part" )qui a des tarifs intéressants pour la manif sur place !

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  4. Véronique Derivaux4 février 2016 à 20:48

    Et en plus je suis certaine que tu trouves cela drôle. Tu nous as fait une belle peur ! J'ai pu reprendre ma respiration en arrivant à Zorro ... Mais comme tu as du te marrer en écrivant cet édito, chacun dans sa tête pensait déjà à comment faire pour te faire rentrer rapidement...

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    1. Oui, j'essaye d'imaginer les tetes au fur et a mesure de la lecture... J'avoue que ca me fait sourire!

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  5. Hahaha !!! J'ADORE & J'adhère à 600% avec ton point de vue !

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  6. encore un peu sonné par ce post, confuse entre réalité ou blague je relis le post et comprends enfin ... ( c'est mon côté Kinder )...
    Une reconversion vers un métier d'écrivain vous irez parfaitement... je voyage et rêve au fil de votre voyage et j'adorerais avoir la chance de pouvoir visiter un jour la Colombie y découvrir les ruines précolombiennes de la Ciudad perdida ou encore la cathédrale de sel, les musées coloniales... je suis fasciné par ce pays multiculturel ,les caraïbes ...
    dans l'attente de quelques jolies photos je vous embrasse Véréna

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  7. T'es con, j y ai cru!! Merci pour la photo 40 ans du Nicaragua, elle était en bonne place dans le diaporama prépare par Elsa. Quant aux images mediaspectaculairescaricaturales diffusees en france, je te l'accorde ce n est pas toujours representatif... l Afrique a aussi son lot!! Take care

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  8. Ben quand tu m'as dit que tu avais échappé à la mort, je ne sais pas pourquoi, j'ai pensé aux requins... Pas trop aux colombiens ! Suis tombée dans le panneau dès les premières lignes, surtout avec des phrases telles que "Mais cette analyse, je ne peux la faire qu’à postériori". Bien joué ! Mais c'est encore moi qui vais devoir expliquer à maman pendant les 3 mois à venir que c'était pour du faux ! Tu devrais quand même avoir honte de profiter de la crédulité des gens qui t'aiment et sont suspendus à tes aventures !
    Léry est aussi exaltant que la Colombie. En courant dans la jungle ce matin, je me suis pris les pieds dans une racine et un gros chien (très gros) s'est précipité pour me faire un câlin. C'était dégoûtant. Le 20 heure français ne raconte pas grand chose en ce moment, ha si ! le droit d'exister pour l'accent circonflexe déchaîne les passions !
    Bisous et encore bravo pour ton courage (je parle du ramassage des détritus) et de ton sang froid (la prochaine fois que tu croises Zorro, tu lui demandes un autographe).
    Corine

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  9. Après les no go zones, Fox news est à la recherche d'histoires dans ce genre; si ça t'intéresse. .. :)

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